Des textes de chansons, des poèmes, des pensées, tout ça pêle mêle, sans ordre, sans préméditation...
"Sa cigarette"
Quand elle allumait sa cigarette
Et qu’elle enfumait tout l’habitacle
sous mes yeux d’enfant, maigre allumette
Alors commençait le spectacle
Aux premières loges, sur la banquette
Moi je l’admirais dans la fumée bleue
Et voyeur, du fond de ma cachette
Je sentais mon bas ventre prendre feu
Quand elle allumait sa cigarette…
Quand elle allumait sa cigarette…
J’avais six ans et je me voyais
La smoke aux lèvres au volant d’mon char
Aux côté de ma cousine adorée
Dans le monde adulte au goût cigare
Elle en avait vingt et mettait le feu
À mon enfantine libido
Moi je n’étais que le gamin silencieux
Qu’on calait à l’arrière de l’auto
Quand elle allumait sa cigarette…
Quand elle allumait sa cigarette…
Après mille sucettes goudronnées
J’ai grillé ma vie, creusé ma dette
Et avant de me trouer la trachée
Ce soir, c’est décidé : j’arrête
Mais en écrasant l’ultime mégot
Au fond d’un cendrier sans mémoire
J’écrase gamin, cousine, auto
Mon enfance enfumée : au revoir…
Quand elle allumait sa cigarette…
Quand elle allumait sa cigarette…
Bertrand Margelidon
janvier 2015
"Ils s'emmerdent"
Qu'est ce qu'ils s'emmerdent
sans les enfant
les heures se perdent
silencieusement
qu'est ce qu'ils s'emmerdent
après trente ans
les jours se perdent
machinal'ment
ils ont lutté, se sont serrés
devant le temps, sans trop y croire
puis leur étreinte s'est relâchée
chacun a pris son territoire
ils avaient pourtant tout prévu
des jours dorés sur toute la ligne
mais c'est l'ennui qui est apparu
comme une tumeur maligne
qu'est ce qu'ils s'emmerdent
sur leur divan
les heures se perdent
flanc contre flanc
et puis la tumeur a fleuri
ils ont pris racine dans le futon
leurs deux regards sans vis à vis
la télé pour seul horizon
c'est pas l'paradis, c'est pas l'enfer
c'est juste une agonie banale
ils s'engueulent même plus, ils laissent faire
pour s'étouffer sans se faire mal
Qu'est ce qu'ils s'emmerdent
Qu'est ce qu'ils s'font chier
les jours se perdent
qu'est ce qu'ils s'emmerdent
qu'est ce qui s'font chier
les heures se perdent
et rien n'va changer
Texte et musique : Bertrand Margelidon
1er mai 2014
"L'amant de passage"
Femme larguée, le coeur en miette
Vous qui cherchez une amourette
Pour oublier votre chagrin
Pour patienter jusqu’au prochain
besoin d’une idylle bubble gum?
Mesdemoiselles, je suis votre homme
Vous qui avez soif d’émotions
D’un peu de sexe en trait d’union
Empoignez-moi, je suis marrant
Mignon et plutôt bon amant
Ça f’ra la job un mois ou deux
Le temps d’trouver votre amoureux
Je n’suis que l’amant de passage
Qu’on mouille entre deux amarrages
Je n’suis qu’une bouée de sauvetage
Que l’on attrape entre deux naufrages
J’ai le cellulaire rempli
De jolis prénoms qui m’oublient
De discussions inachevées
De faux adieux dissimulés
Je suis celui qui fait l’affaire
Pour une partie de jambe en l’air
Dans mon sac, une bibliothèque
De livres volés contre un bec
Je collectionne les foulards
Déposés là, comme un pourboire
je suis l’plan cul en attendant
l’abruti de prince charmant
Je n’suis que l’amant de passage
Qu’on mouille entre deux amarrages
Je n’suis qu’une bouée de sauvetage
Que l’on attrape entre deux naufrages
Paraît qu’ j’ai pas vraiment à m’plaindre
Ouais, mais ça m'a souvent déplu
De donner sans jamais reprendre
Entre Sade et le p’tit Jésus
Mes ex comme les saisons passent
Et quand les ventres s’arrondissent
J’me dis qu’y a p’t’être un p’tit Jonas
Là d’dans qui pourrait être mon fils
Je n’ai rien du mâle viril
Plutôt poète malhabile
maigre figure qu’on garde en main
le temps d’une partie de chagrin
valet de pique en attendant
le roi de coeur, le pli gagnant
J’y ai bien cru deux ou trois fois
Qui s’pass’rait quèk chose de marrant
Avec une fille qu’en voudrait pas
De prince charmant, justement
Mais elles retournent toutes au vieux cuir
De leur ex pour y pourrir
Ok finis les bons offices
Maintenant je monnaie mes services
Pour un câlin ce s’ra 100 pièces
200 pour une claque sur les fesses
Et celle qui tomb’ra en amour
Devra s’endetter pour toujours
Ok finis les bons offices
Maintenant je monnaie mes services
Pour un câlin ce s’ra 100 pièces
200 pour une claque sur les fesses
Et celle qui tomb’ra en amour
Devra s’endetter pour toujours
Texte et musique: Bertrand Margelidon
3 février 2015
"Presque inconnue"
Assis au soleil, face à l'Atlantique
ma presque inconnue rêvait d'Amérique
moi, juste à côté, le sourire facile
je lui chuchotais des idées futiles
si on jouait un peu à être heureux
si on jouait un peu...
Ce matin encore on était si gris
plongés dans le fog de Paris City
et nous voilà là, aux heures vagabondes
courrons à l'hôtel nous cacher du monde
si on jouait un peu à être heureux
si on jouait un peu...
Au matin, mes mains t'ont cherchée
et n'ont trouvé que des draps froissés
tu as du rejoindre de ta vie
dans les bras d'un gentil mari
et me voilà seul face à l'océan
devant l'éternel recommencement
à droite, une inconnue, cheveux aux vents
"salut, comment tu t'appelles? Moi c'est Bertrand..."...
Texte et musique: Bertrand Margelidon
1er mai 2014